La diminution du nombre des maternités est un enjeu majeur pour certains territoires ruraux qui font face à une inégalité d’accès aux soins de santé.
Source : 2008, 2010, 2018 : en dix ans, la Nièvre a perdu trois de ses maternités. Publié le 24/02/2018. Le Journal du Centre
En mars 2023, L’Association des Petites Villes de France alertait à nouveau sur la disparition croissante des maternités des petites villes, rappelant leur rôle crucial pour l’égalité d’accès aux soins.
L’accès à la maternité en France est un enjeu sanitaire et social majeur, mais des inégalités territoriales révèlent une réalité inquiétante. Dans certaines zones rurales ou enclavées, le manque d'infrastructures adaptées et de personnel médical compromet gravement la qualité des soins offerts aux femmes enceintes. Cette fracture territoriale provoque des déserts médicaux, et entraîne des risques accrus pour la santé des mères comme des nouveau-nés. Pourquoi certains territoires sont-ils dépourvus d’une offre médicale nécessaire pour l’accouchement ?
Selon le président de l’Association pour la Défense le Maintien et l’Amélioration de la Maternité, vivre à plus de 50 minutes d'une maternité présente des risques pour les femmes enceintes, notamment en cas de complications obstétricales (hémorragies, détresses fœtales) nécessitants une prise en charge rapide. Ce délai augmente le risque d'accouchements non assistés ou en urgence sur le trajet de la maternité. La mortalité néonatale est presque quatre fois plus élevée pour un accouchement hors maternité situé à plus de 45 km, comparé à un autre situé à moins de 5 km de l'établissement. Cette différence s'explique par la durée de trajet entre le lieu de l'accouchement et la maternité la plus proche où le nouveau né pourra être pris en charge. Ce phénomène crée une pression sur les hôpitaux restants, réduisant la qualité des soins.
Alors, quelle est la réalité du temps de trajet des femmes enceintes pour accéder à une maternité ? Tout dépend de l’endroit où l’on habite, mais, au niveau national, la tendance a augmenté au cours du temps :
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“Le nombre de femmes vivant à plus de 45 minutes d’une maternité a doublé entre 1997 et 2019.” (Doré, G, 2019. Géographie inégalitaire des services publics et aménagement du territoire. Population & Avenir, n° 745)
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Habiter à une distance élevée de la maternité a un impact sur le choix de celle-ci, d’autant plus en fonction du niveau de risque de l’accouchement. En effet, le type de maternité influe sur les soins possibles : le type 1 est uniquement dédié aux grossesses sans complications. Les types 2a et 2b sont spécialisées dans la prise en charge des grossesses à risque modéré et des accouchements nécessitant une surveillance renforcée. Le type 3 est destiné aux grossesses à très haut risque et aux accouchements nécessitant des soins intensifs.
Ainsi, l’éloignement géographique des maternités de type 3 est un risque à prendre en considération. Si les patientes sont dans une maternité non adaptée pour des accouchements compliqués, elles doivent être transférées en urgence vers des structures supérieures, ce qui retarde leur prise en charge.
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“En 2020, 1 700 femmes enceintes ont été déplacées en urgence dans une maternité de type 3.” (source : DREES, 2022)
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Les zones peu densément peuplées sont particulièrement touchées par le manque de maternités de type 3 sur leur territoire, pouvant provoquer un risque durant la grossesse, la gestion de l’accouchement et la santé des femmes.
Ce phénomène peut notamment s’expliquer par la fermeture ou le regroupement d’un nombre important de maternités lors des vingt dernières années en France.
Le faible nombre de maternités en zones rurales soulèvent l’enjeu de l’accessibilité des services publics. En 2010 exemple, 55 % des femmes en milieu rural ont eu un temps de transport de 30 minutes ou plus pour aller accoucher au lieu de 13 % des femmes en milieu urbain (source : Enquête nationale périnatale 2010, métropole).